Lena arriva à la gare à 10h30. Habituellement, elle n’était pas du genre ponctuel, mais bon, le train ne l'attendrait pas ! Elle se hâta. Il fallait bien trouver la voie 9 3/4. Son oncle lui avait pourtant dit où elle se situait, mais malheureusement elle l'avait écouté d'une oreille distraite. Elle s'en voulait. Maintenant, il allait falloir le retrouver cette fiche voie ! Si elle l’avait écouté, elle n’en serait pas là. Elle serait en train d’attendre tranquillement le départ du train.
Elle regarda les numéros des voies ... 5, 6, 7, 8, ... 9 ! Pas de 9 ¾ en vue. Pff ! Elle était bien avancée ! Et en plus elle devrait être difficile à repérer cette voie, étant donné que les moldus ne la voient pas ! Si cela continuait, elle raterait son départ. Il ne manquerait plus que ça ! Son oncle lui en voudrait terriblement et il piquerait une crise.
Elle regarda autour d'elle. Il pleuvait. Elle soupira. D’habitude, elle ne se préoccupait du temps qu’il faisait, mais ce jour-là était différent. Habituellement, elle était toujours vêtue d’une salopette ou autre chose de ce genre. Là, elle portait une jolie robe blanche. Elle n’aimait pas être habillée comme cela, et de toute façon, ce n’était pas très pratique pour aller se percher sur les arbres, faire une course à travers bois en compagnie des animaux, ou encore se rouler dans la boue avec eux.
La gare était bondée. Ce qu'elle pouvait détester la foule ! Elle préférait de loin la nature. Au moins, elle y était au calme et rien ni personne ne venait la déranger. Il y avait juste les animaux. Eux au moins, ils ne lui avaient rien fait. Ils ne la dérangeaient pas, loin de là ! C'était à eux seul qu'elle s'était confiée. Ils étaient ses seuls amis. Oh, elle avait bien eu des amis avant mais ... C'était fini. Terminé depuis le fameux jour de ses six ans. « La sorcière, le monstre » ne méritait pas que quelqu’un de normal s’approche d’elle ! Les parents de ses amis ne l’avaient pas toléré. Tant pis pour eux. Elle était ce qu’elle était. Elle n’y pouvait rien après tout.
La jeune fille était plongée dans ses pensées quand elle vit quelqu'un qui courrait vers quelqu'un d'autre ... Ou plutôt quelque chose ... Un mur ! Elle regarda l'enfant, qui semblait avoir le même âge qu'elle, et qui semblait savoir ce qu'il faisait. C'était donc cela le fameux passage qui allait vers la voie 9 3/4 ! C'était astucieux. Elle regarda deux autres élèves passer et se décida à y aller. Elle prit son temps … Elle glissa sur une peau de banane et se retrouva sur le sol en une fraction de secondes. L’instant d’après, elle vit que quelqu’un était arrivé auprès d’elle. Un garçon. Il se trouvait que c’était lui qui avait fait tomber accidentellement la peau de banane. Lena lui lança un regard noir. Elle se releva et repartit vers le mur sans un mot, non sans avoir adressé au garçon un bon coup de pied bien placé. Non mais, avec sa peau de banane, il polluait la nature ! La nature, elle y tenait.
Lena arriva enfin à la voie 9 ¾. Elle chercha des yeux son oncle. C’était là en principe qu’ils s’étaient donné rendez-vous avant son départ. Il ne pouvait pas venir en retard. Il ne DEVAIT PAS être en retard. C’est lui qui avait ses affaires, elle ne pouvait absolument pas partir sans ! Elle chercha le compartiment n°4. En principe, c’était devant ce compartiment qu’il devait venir. Il n’avait pas voulu que ce soit un autre. Quand il faisait ses allers-retours à Poudlard, c’était toujours ce compartiment dans lequel il allait, et pas un autre. Il se l’était approprié au fil des années. Il avait estimé que sa nièce devait aller dans ce compartiment.
Il arriva à 10h55 et s’excusa de son retard. Il n’avait pas pu faire autrement. La pauvre Lena était complètement mouillée. Sa robe détrempée lui collait à la peau. Et le pire était que, du coup, sa robe semblait transparente. Elle jeta à son oncle un regard assassin, chargé de reproches. Elle prit ses affaires et monta dans le train. Il lui fit ses dernières petites recommandations. Ce qu’il pouvait être papa-poule quelque fois ! Il la prit dans ses bras. Ce qu’elle pouvait détester ça !
Elle s’installa confortablement sur son siège et espéra que personne ne viendrait la déranger. Elle regarda par la fenêtre. Le train partait. Son oncle lui faisait un signe d’au revoir dans la main. Elle n’y répondit pas. Flemme. De toute manière, ce n’était plus une enfant.